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Les biocarburants ne sont pas certifiés ‘bio’, c’est pourquoi il est préférable de les appeler agrocarburants

INTRODUCTION

Le secteur des transports de personnes et de marchandises représente un défi majeur dans lalutte contre les émissions de gaz à effet de serre. Bien que le prix des carburants soit à lahausse, la consommation énergétique de ce secteur ne cesse de croître. De 1997 à 2007, le parc total de véhicules belges a augmenté de 19,1%1. En 2002, la Région de Bruxelles Capitale représentait 10,1% du parc belge et le nombre de voiture par habitant est en moyenne légèrement plus élevé en Région bruxelloise que dans le reste du pays. Les biocarburants présentent une alternative aux carburants traditionnels.

Mais ils ne sont qu’une solution parmi d’autres au problème des émissions de gaz à effet de serre. La solutionprimordiale est de rationaliser drastiquement les besoins de ce secteur en pleine croissance.Les biocarburants sont des carburants produits principalement à partir dematières premières végétales. Le préfixe ‘bio’ n’est pas labellisé comme l’agriculturebiologique. On préfèrera donc parler d’agrocarburants plutôt que de biocarburants car ils ne sont pas forcément produits dans des conditions respectueuses de l’environnement. Ils soulèvent également des questions éthiques, sociales et économiques par rapport à l’utilisation de produits alimentaires issus depays en voie de développement.

LES DIFFERENTS AGROCARBURANTS

Il existe différents procédés de fabrication des agrocarburants. Certains d’entre eux sont aupoint depuis longtemps et sont largement exploités dans certaines parties de l’Europe et dumonde, d’autres nécessitent encore des optimisations technico-économiques. En Belgique, les filières les plus faciles à exploiter à court terme sont celles de l’huile végétale et du biodiesel à partir de colza ainsi que celle du bioéthanol à partir de betteraves sucrières oude céréales.

L’HUILE VEGETALE ET LE BIODIESEL A PARTIR DU COLZA

Utilisation

Les huiles végétalessont obtenues par broyage de graines oléagineuses. Après leur purification par divers procédés (décantation, filtration, etc.), ces huiles végétales dites «pures» peuvent être utilisées sous certaines conditions comme carburant dans les moteurs diesel :

  • Dans les moteurs diesel légèrement modifiés : l’huile peut être utilisée à 100%,toutefois, l’huile pure étant plus visqueuse que le diesel, les systèmes d’injectiondoivent être protégés.
  • Dans les moteurs diesel non modifiés : les huiles végétales sont converties enesters méthyliques mieux connus sous le nomde diester (en France) oubiodiesel. Cedernier peut être employé dans n’importe quelle proportion dans un moteur diesel nonmodifié. Il s’agit simplement de s’assurer que les conduites et les joints résistent bien aux propriétés de ce carburant. C’est lecas pour la grande majorité des constructeurs et des nouveaux modèlesde voiture.

Production

La production de biodiesel nécessite l’apport deméthanol et génère de la glycérine qui estvalorisée dans de nombreuses applications industrielles : pharmaceutiques, cosmétiques,alimentaires, etc. En Europe, le biodiesel est produit principalement à partir de graines de colza. L’Italie etl’Espagne exploitent le tournesol tandis que les Etats-Unis utilisent beaucoup le soja. Notonsque certaines raffineries produisent du biodieselà partir d’huiledefriture récupérée ou mêmede graisse animale.

Autres utilisations possibles

A côté de leur utilisation dans les véhicules, les huiles végétaleset les huiles de récupération(friture) peuvent également être employées dans des chaudières ou des moteurs de cogénération(production simultanée dechaleur et d’électricité), pour assurer des besoins de chauffage et d’électricité.

LA FILIERE SUCRE ET LE BIOETHANOL

Utilisation

Le bioéthanol peut être utiliséessous certaines conditions commecarburant dans les moteurs àessence:

  • Dans les moteurs essence sans modification : le bioéthanol est utilisé en mélange de 5 à 20%.
  • Dans des moteurs essence spécifiquement adaptés : le bioéthanol est utilisé enmélange de 85 à 100%. Les véhicules appelés « flexi-fuel » fonctionnent avec desproportions variables d’essence et de bioéthanol.

Le bioéthanol peut être converti en ETBE. Mélangé à raison de 15%, cet additif permet d’augmenter l’indice d’octane du carburant et deremplacer celui déjà utilisé dans l’essence.L’ETBE est intégré à l’essence dans les circuits de distribution des compagnies pétrolière et ce,dès la sortie de la raffinerie, comme c’est déjà le cas en France. Comme pour le bioéthanol,l’ETBE, mélangé en faible proportion à l’essence, ne nécessite aucune modification du moteur.

Production

Selon le même principe que les boissons alcoolisées, le bioéthanolest produit à partir decultures sucrées ou amylacées par un processus de fermentation. En Europe, on utiliseprincipalement la betterave et le froment. Les pays du Sud et surtout le Brésil exploitent lacanne à sucre. Les Etats-Unis, quant à eux produisent du bioéthanol à partir de maïs. Bienquela pomme de terre convienne tout à fait à la production de bioéthanol, il n’existe à l’heure actuelle aucune unité en Europe utilisant ce tubercule.

LES BIOCARBURANTS DE ‘DEUXIEME GENERATION’

Il existe d’autres filières de production de biocarburants. Certaines nécessitentdes travaux de recherches complémentaires et visent la production de biocarburants à partir d’une ressourceligneuse, d’autres sont pratiquement opérationnelles. Le biogaz, par exemple, est ungaz obtenu par fermentation anaérobie (en l’absence d’air) de la biomasse liquide (déchetsorganiques d’élevage ou résidus d’industries agro-alimentaires, etc.) et qui est utilisé dans des moteurs à gaz.

L’utilisation du biogazcomme biocarburant n’est pas encore répandue aujourd’hui. Actuellement, le biogaz est plutôt valorisé dans une unité de cogénération pour la productioncombinée de chaleur et d’électricité.

LES AVANTAGES ET INCONVENIENTS DES AGROCARBURANTS

LES AVANTAGES :

  • Ils permettent de lutter contre l’effetde serre. Même si les véhicules utilisant des agrocarburants émettent du CO2, celui-ci correspondà celui que la plante a absorbé dans l’atmosphère durant sa croissance : onditque lecycle du carbone des agrocarburants est « fermé » ou « neutre », pour autant que les systèmes d’exploitations agricoles soient durables et responsables. Mais le bilan n’est pas neutre à 100% car pour produire les cultures énergétiques, les récolter, produire les agrocarburants et les distribuer, il faut dépenser de l’énergie fossile…
  • Les agrocarburants émettent nettement moins d’autres polluants tels que le soufre (à l’origine des pluiesacides), les suies, les particules fines (à l’origine de nombreuses affectionspulmonaires ainsi que dela couche noire sur les bâtiments), etc.
  • Ils permettent de diversifier les sources de production d’énergie et de limiter notre dépendance énergétique face aux producteurs de pétrole, le plus souvent situés dans des zones géopolitiquement sensibles.
  • Issus d’un processus de production agricole locale de transformation et de distribution, les agrocarburants permettent de maintenir et de générer de nombreux emplois ruraux. Ces filières sont bénéfiques pour le monde agricole à la recherche de diversification de ses activités.
  • La production d’agrocarburants, qu’il s’agisse d’huile pure, de biodiesel ou de bioéthanol, génère des coproduits valorisés dans l’alimentation animale. Pour autant qu’ils soient produits localement, ces derniers permettent de diminuer la dépendance européenne pour l’alimentation animale en réduisant l’importation d’aliments à base de soja.
  • Issus de productions agricoles, les agrocarburants présentent moins de risques en cas d’accident, pour l’homme et pour l’environnement, en particulier pour l’eau. L’huile pure est biodégradable à 100% et ne présente aucun danger ni pour l’homme, ni pour l’eau.De plus, avec les biocarburants, tout danger de marée noire est écarté !
  • La production d’agrocarburants à partir de produits agricoles locaux et durables peut élargir le débat sur l’agriculture moderne et sa place dans la société, y compris l’environnement. De la même manière, l’achat d’agrocarburants en provenance de pays en voie de développement peut prolonger le débat sur les échanges nord-sud, pour autant que leur production soit compatible avec le développement durable et le respectdes populations locales.

LES INCONVENIENTS :

  • Le développement des agrocarburants issus de cultures énergétiques peuvent être une menace pour les écosystèmes et les puits decarbone essentiels dans la lutte contre le réchauffement climatique. En effet, si la culture se fait aux dépens de zones de savane ou de pâturages permanents, ladisparition de ces puits decarbone conduirait àune augmentation des GES et neutraliserait donc les bénéfices attendus desagrocarburants.
  • Les agrocarburants issus de cultures intensives exercent malgré tout une forte pression sur l’environnement : utilisation d’engrais nocifs, pollution des sols et des réservesd’eau, appauvrissement des sols, etc.
  • Au niveau mondial, la production d’agrocarburants à grande échelle peut induire de nombreux effets indirects préjudiciables pour les populations les plus pauvres tels que l’augmentation des prix des produits alimentaires, la diminution des réserves en eau ou encore le déplacement des activités agricoles vers des zones plus fragiles comme les forêts pluviales et les savanes.
  • L’augmentation des prix alimentaires étant un effet indirect de la diminution des stocks de céréales au niveau mondial, entraîné par l’allocation partie des zones de cultures vivrières aux cultures énergétiques.
  • La mondialisation « non contrôlée » des agrocarburants pose également une question éthique importante : peut-on raisonnablement rouler au biocarburant fabriqué à partir de denrées alimentaires (maïs, canne à sucre,…)quant une grande partie de la population mondiale souffre de malnutrition ? Cette question est d’autant plus cruciale quand ces denrées sont issues de pays fortement touchés par la famine…
  • Comme toutes installations de combustion, celles utilisant la biomasse émettent une certaine quantité de particules fines (PM10) nocives pour la santé. Si plusieurs précautions sont prises (filtre à particule, qualité du combustible, bons réglages), ces technologies dégagent une quantité égale ou moindre aux équipements de combustion classique (gaz, mazout). Rappelons par ailleurs qu’en Région de Bruxelles-Capitale, c’est le secteur du transport qui est responsable de la majeure partie des émissions de PM10(73%), le résidentiel n’étant responsable que de 12% (Chiffre IBGE 2005).

Source
Bruxelles Environnement – IBGE Service Info Environnement